Moineau, onze ans, habite un vieux duplex montréalais en compagnie de ses parents et de sa grand-mère. Cette dernière occupe le deuxième étage, mais la maladie lui vole peu à peu sa mémoire et sa facilité à manier les chiffres. Craignant qu'elle ne soit institutionnalisée, la jeune fille s'efforce de dissimuler le dépérissement de la vieille dame à ses parents, qui sont d'ailleurs accaparés par leur travail. Il est toutefois plus difficile de cacher la vérité à son enseignante, qui s'inquiète de voir ses notes chuter librement depuis que sa mamie ne peut plus l'aider dans ses devoirs. Voilà donc l'héroïne contrainte d'accepter l'aide de Caroline, l'intello de la classe. Ce qui donne une raison de plus au groupe de pimbêches snobinardes de se moquer d'elle. Groupe qu'elle tente pourtant désespérément d'intégrer en dépit des railleries qu'elle essuie quotidiennement en raison de ses vêtements achetés chez Jeunesse au Soleil, du quartier défavorisé dans lequel elle habite ou du rat que ses parents lui ont acheté en remplacement du chien qu'elle souhaitait ardemment, bien qu'elle soit allergique. Les liens d'amitié qu'elle développe avec Gadoue, la jeune vendeuse un peu excentrique de l'animalerie, conduisent toutefois Moineau à trouver la force d'affronter les épreuves qui l'attendent (dont le décès de sa grand-mère) et à revoir ses propres préjugés afin de se tenir debout et de réaliser que certaines personnes sont des fardeaux alors que d'autres sont de véritables bijoux qui n'attendent qu'à être découverts... [SDM]. Un roman miroir dressant le portrait émouvant d'une préadolescente sensible, qui manque de confiance en elle et que son besoin d'être aimée et acceptée de ses pairs conduit à accepter d'être le souffre-douleur des filles populaires de l'école, qui s'enorgueillissent de leurs vêtements et milieux de vie luxueux. La clairvoyance de son enseignante et de Gadoue, de même que le soutien que lui apportent ses parents en découvrant la vérité quant à la santé déclinante de sa grand-mère, lui permettent toutefois de s'affirmer et de s'enrichir des épreuves qui s'imposent à elle tout en conservant un regard optimiste sur l'existence en mettant en pratique un enseignement que lui a transmis sa mamie: la vie n'a pas besoin d'être parfaite pour être belle. Soulignons par ailleurs le parallèle intéressant effectué entre les préjugés dont sont victimes Caroline, Moineau et le rat que cette dernière apprend à aimer: trois personnages dont la beauté, la richesse et les qualités se révèlent au fil des pages. Un beau récit pour aborder, sans pathos ni complaisance, l'intimidation dans les écoles et la maladie d'Alzheimer. [SDM].