Comme les autres titres de cette collection poétique, ce recueil en prose s'appuie sur une expérience réellement vécue par son auteure pour livrer avec justesse et authenticité la multiplicité et la complexité des émotions ressenties par une fille aux prises avec l'anxiété. Si les textes sont brefs et suivis, ils s'enrichissent de calligrammes qui reprennent le sens de certains mots ou de phrases entières afin d'incorporer du rythme et de la musicalité dans ce vibrant témoignage.

Le cadran sonne et ne réveille personne. / Il y a longtemps que mon coeur bat / le rythme des aiguilles. / À six heures, / mon corps est au même point qu'hier. / Dehors, la lumière est trop vive. / Le jour / écrase ma poitrine, / oppresse mes poumons. / L'école paraît / si loin." (pp.46-47). C'est pendant ses cours de ballet que l'araignée qui réside dans la tête d'une jeune fille commence à tisser sa toile. D'abord, elle l'encourage à être forte en la comparant aux autres, mais bientôt, les phrases qu'elle souffle à son oreille l'empêchent de dormir alors que sa peur d'échouer, de ne pas être à la hauteur, l'incite à se faire toute petite, à passer inaperçue. Jusqu'au jour où elle ne parvient plus à rien faire et que son médecin lui prescrit de tout arrêter le temps de réapprivoiser les choses les plus élémentaires, comme dormir, manger et respirer. À l'occasion d'un voyage chez sa tante, aux Îles-de-la-Madeleine, la narratrice prendra le temps de se ressourcer et de surmonter une fois pour toutes son anxiété.