Réédition. Entre un père parti refaire sa vie aux États-Unis, une école où il est persécuté par Harry et sa bande, ainsi qu'une mère qui canalise les maigres forces qu'il lui reste encore afin de lutter contre le cancer qui la ronge, la vie n'a rien de rigolo pour Conor. L'adolescent de treize ans s'accroche pourtant avec toute la force du désespoir à l'idée que sa mère adorée guérira bientôt et que la vie reprendra alors son cours normal. Ceci en dépit du cauchemar terrifiant et troublant qui hante ses nuits de manière récurrente. Cauchemar si terrifiant qu'il ne peut en parler à personne. Mais voilà qu'un soir, à minuit sept très exactement, il voit l'if gigantesque du cimetière voisin surgir dans sa chambre! Prenant la forme d'un monstre végétal, sauvage et vieux comme le monde, l'arbre affirme vouloir lui raconter trois histoires. Trois histoires au terme desquelles lui, Conor, devra lui en raconter une à son tour, basée sur la vérité qu'il dissimule au plus profond de lui-même parce que trop abominable... [SDM]. Un roman d'apprentissage bouleversant, poignant et percutant qui flirte avec le fantastique et la métaphore afin de peindre avec justesse et sensibilité la psychologie complexe d'un adolescent qui refuse d'envisager la mort de sa mère. Ceci tout en souhaitant secrètement, rongé par la culpabilité, que son calvaire se termine, lui qui est brimé par le caïd de la classe, qui doit composer avec une grand-mère dont la sensibilité est dissimulée sous un mode de vie austère et qui voit ses camarades l'éviter depuis l'annonce du drame qui le frappe. Le monstre devient donc pour Connor un moyen d'extérioriser les sentiments qu'il refoule et de faire face à la réalité qu'il fuit de tout son corps, mais qui le rattrape dans ses cauchemars exprimant ses peurs les plus profondes. Les contes cruels, philosophiques et symboliques narrés par l'if sont adroitement enchâssés à l'intrigue et participent au lent cheminement du héros, dont les aveux émouvants et libérateurs tissent le dénouement dans un mélange de douleur, de colère, de désespoir, de culpabilité et, surtout, d'amour pour cette mère qu'il accepte enfin de laisser partir. Des encres tourmentées en noir et blanc, pétries d'une force sombre et poétique, renforcent l'intensité dramatique du récit en donnant vie aux cauchemars de l'adolescent et à ses nuits peuplées d'ombres inquiétantes et d'arbres griffus monstrueux. Une oeuvre d'une puissance électrisante, née de le l'ébauche restée inachevée de Siobhan Dowd, qui est décédée il y a cinq ans d'un cancer du sein. [SDM].