L'engagement pousse là où on le sème : le Carré Casgrain, de jardin ouvert à collectif citoyen
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L'engagement pousse là où on le sème : le Carré Casgrain, de jardin ouvert à collectif citoyen
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L'engagement citoyen commence quand nous cultivons ensemble notre jardin. Au printemps 2017, des résident.e.s de l'arrondissement Rosemont-La Petite-Patrie, à Montréal, lorgnent le terrain vague situé à l'extrémité de leur ruelle verte. Ils décident de transformer ce lieu--laissé à l'abandon par son propriétaire depuis plus de 10 ans--en jardin collectif. Trois chercheuses ont eu l'heureuse idée de documenter cette expérience qui relève du projet de verdissement et d'une volonté citoyenne de réappropriation de l'espace urbain. Elles soulignent d'abord les nombreux bénéfices liés à l'apprentissage et à la mise en commun des savoir-faire horticoles. Le partage des techniques pour démarrer les semis, des méthodes de transfert de ces derniers en pleine terre et des principes de permaculture contribua par exemple à solidifier les relations entre les membres du groupe. C'est de cette manière que le Carré Casgrain est devenu un espace propice à la création de liens entre les riverains : "Pour moi, affirme Fabien P., jardiner, c'est l'entrée en relation. Je trouve que la partie culture, c'est ça qui fait le lien avec les gens. Ça offre un prétexte pour venir discuter (...). Alors que si c'était juste un endroit où se poser, un parc, ce contact ne se ferait pas." Avec le Carré Casgrain, les passants s'arrêtent au retour du travail, les travailleurs viennent y luncher, même quelques concerts de musique fleurissent. Le collectif a aussi dû composer avec les déchets laissés par des fêtards ou des sans-abris, ce qui a également scellé le rôle du collectif dans cet espace. En dépit du caractère temporaire du projet et de la gouvernance horizontale de l'organisation, les jardiniers seront bientôt engagés dans une trajectoire étonnante qui transcende la seule initiative de verdissement. Ils acquerront peu à peu une forte légitimité grce à la planification d'événements socioculturels, en raison des liens tissés avec divers organismes ou du dialogue engagé avec la municipalité (qui mènera à l'imposition d'une réserve foncière sur le lot). Ils seront même appelés à représenter plusieurs citoyen.ne.s du quartier dans des dossiers assez éloignés de leurs préoccupations initiales. Ce fut notamment le cas à l'automne 2018, au moment où la Société de transport de Montréal (STM) a rendu publique une nouvelle version de l'immense garage qu'elle comptait implanter au sud de la rue Bellechasse, en face du Carré Casgrain: le collectif est alors devenu spontanément la voix des résident.e.s du secteur auprès des autorités publiques. Besoin de reconnaissance des institutions et quête d'autonomie par rapport à ces mêmes institutions, les autrices mettent en relief cette tension tout en faisant du Carré Casgrain une expérience citoyenne inspirante. De quoi faire fleurir bien des jardins citoyens aux quatre coins des villes du Québec!
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